Les rencontres
36000 pour le tri
Rencontre Draguignan
Propreté et espace public
10 juillet 2013
Le 10 juillet dernier à Draguignan, Jean-Pierre Véran, Président de l’Association des Maires du Var, invitait les maires du département à échanger leurs bonnes pratiques en matière de propreté et d’espace public. Ils étaient réunis aux côtés de Christophe Neumann, responsable du projet 36000 pour le tri, de Richard Quemin, Directeur régional pour Eco-Emballages, et du psychosociologue Pascal Moliner, présent en tant qu’expert. Michel Rouquette, élu dans l’Aveyron, animait la rencontre, et veillait au tempo de la réunion en donnant la parole à tous les élus qui souhaitaient intervenir.








Draguignan, le 10 juillet 2013
A l’occasion du développement de la collecte sélective des emballages ménagers, le maire est naturellement devenu la figure référente dans le domaine du tri et du développement durable pour ses habitants. 58% des habitants interrogés répondent en effet qu’ils font confiance à leur maire pour les questions de tri et de recyclage, même lorsque le maire a délégué sa compétence à l’intercommunalité. Partager les bonnes pratiques, échanger, débattre entre maires sur les enjeux du développement durable, du tri et du recyclage, tels sont les objectifs des rencontres organisées par l'AMF (Association des maires de France), les 101 associations départementales de maires, Mairie 2000, et Eco-Emballages. Ce programme, 36 000 pour le tri, c'est donc un « tour de France », avec des rencontres organisées dans chaque département, ce sont 36 000 maires qui pourront s'exprimer avec leurs pairs et insuffler une dynamique citoyenne autour de six thématiques environnementales : urbanisme et logement, vie locale et tourisme, sport et culture, nouveaux arrivants, école et famille, propreté et espace public.
Le Var : des efforts qui commencent à payer
Jean-Pierre Véran, Président de l’Association des Maires du Var, a rappelé que les administrés attendent davantage de civilité, de civisme et de respect d’autrui. « Nous sommes à un tournant de société et le mandat 2014-2020 est celui de tous les dangers. Il est plus important que jamais de partager entre élus ». Cela est d’autant plus important que l’efficacité de la collecte sélective et du recyclage repose sur le geste volontaire et gratuit des habitants. Le Var est d’ailleurs en net progrès, ajoute Richard Quemin, Directeur régional d’Eco-Emballages : « On est à 43 kilos triés par habitant et par an dans le département. La moyenne nationale est de 50 kilos ». Un objectif qui paraît donc largement réalisable.
Les bonnes pratiques des élus
Face aux incivilités, Nicole Fanelli, maire de Salernes, oppose un refus de stigmatiser quiconque. «Les jeunes, c’est vrai, laissaient des lieux jonchés de bouteilles vides. Nous leur avons dédié un espace, pour lequel nous leur avons laissé les « pleins pouvoirs ». Et on constate une nette amélioration » ! Pour Pascal Moliner « Quand l’espace public est contrôlé par les adultes, les jeunes peuvent être dans une logique de rébellion. Les rendre responsables de la gestion de ces espaces renforce leur sentiment d’appropriation». « Malgré leur mauvaise réputation, certains de nos jeunes de 16 à 18 ans sont formidables », intervient Noëlle Contrucci, maire-adjointe de Baudinard sur Verdon : «Très impliqués, ils ont installé dans la forêt des sacs à mégots et à cartouches. » « Nous devons valoriser ce qui fonctionne, approuve Jean-Pierre Véran. On fait beaucoup pour les jeunes et seule une infime minorité empêche les autres de vivre mieux. »
Sabine Vachald, ancien maire de la Motte, s’avoue parfois découragée malgré les caméras surveillant les points d’apport volontaire. « On ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque individu, tempère Pascal Moliner. Mieux vaut parler au responsable de l’association à laquelle le fautif reconnaît l’autorité. Dans l’exemple du terrain de boules, le responsable du boulodrome ».
Le point de vue de Pascal Moliner, professeur de psychologie sociale
« Les comportements qui régissent notre rapport à l’environnement ne sont pas rationnels. On peut ressentir un espace public comme « contrôlé » par d’autres. En salissant, on refuse alors le contrôle sur cet espace. La notion du propre et du sale est structurante dans toutes les cultures : elle stipule que nous sommes propres et les autres sales.
En matière d’incivilité, utiliser la sanction est à double tranchant. Renforcer la norme ou augmenter les moyens de contrôle est peu pertinent puisque les gens salissent justement pour contester l’autorité. Mieux vaut utiliser les relais de proximité qu’ils ont eux-mêmes acceptés. Le contrôle social est également puissant, mais les gens craignent d’exprimer ouvertement leur désaccord par peur du conflit. Le principal facteur désinhibant est l’implication. Ainsi l’organisation de « balades écologistes », d’un nettoyage de plage ou de rivière transforme les participants en porteurs du contrôle social. Mieux encore, si elle est médiatisée, l’opération engage ses acteurs dans une démarche publique. »
Des signes encourageants
Premier département touristique pour la fréquentation, le Var, et spécialement les gorges du Verdon, accueillent Allemands, Anglais, et Hollandais, pas toujours respectueux de l’environnement.
Toutefois, Nicole Fanelli, maire de Salernes, constate une nette amélioration : « On a lancé depuis cinq ans un nettoyage des bords de rivière, et chaque année l’aspect des berges s’améliore ». Preuve d’une évolution des mentalités, Patrick Boubeker, conseiller municipal à Solliès-Pont, craignait que les administrés se plaignent du bruit engendré par les points d’apport volontaire nouvellement installés. Mais quand ils sont embellis et surveillés, cela se passe bien : « Plus l’environnement est propre, plus il est maintenu propre ». Jacques Tornado, maire-adjoint de Bras, représente quant à lui « la première commune du Sivom du Verdon à avoir enterré les conteneurs. Et nous continuons, car les solutions existent. » Pour Pascal Moliner, il faut effectivement persévérer : « Les incivilités sont désolantes, malgré tout, lorsqu’on considère les chiffres, la collecte progresse. Les mentalités ont évolué, il faut accepter que le changement prenne du temps. »
Jean-Pierre Véran réaffirme que l’équipe municipale doit se montrer unie et cohérente face aux incivilités, et se félicite que les élus aient partagé leur vision des choses : « Les déchets sont l’affaire de tous, des élus mais aussi des administrés, des personnes qui viennent en vacances chez nous. Nous devons donner l’exemple. »
Pour retrouver l’intégralité des bonnes pratiques évoquées lors des rencontres, vous pouvez télécharger la fiche pratique de la thématique propreté et espace public.
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